mercredi 11 janvier 2012

UVHC-Présidentielle 2012-2

La logique d’une campagne électorale à deux scrutins (voir chronique précédente) induite par la loi relative aux Libertés et Responsabilités des Université, la LRU vaut pour les quatre collèges électoraux de l’UVHC, étudiant (5 représentants) , Biatss (3 représentants), collèges B et A des enseignants (7 représentants chacun) définis dans les statuts UVHC

Le mode électoral pour les collèges A et B des enseignants mérite une analyse à part entière.

Dans leur cas, la loi LRU instaure une prime à la liste gagnante. Il s’agit de transformer la victoire relative d’une liste en une majorité absolue. La lecture de la simulation de scrutin accessible ici est nécessaire pour la suite de cette chronique.

En collège A ou B, dans tous les cas, seules trois listes peuvent prétendre obtenir un élu.
Le scrutin est brutal. L’absence de second tour ne permet pas la fusion de listes au profit de l’émergence d’un vrai pôle majoritaire issu d’un décompte de voix à l’issu du scrutin.

Quelles conséquences ?

La présence parfaitement légitime, de quatre listes ou plus, a pour conséquence probable (distribution des voix sur un plus grand nombre de liste) la baisse du nombre de voix qui se portent sur la liste gagnante. Cette victoire, numériquement plus faible, donne cependant la même majorité absolue à la liste gagnante. (cas 4 de la simulation). La légitimité de cette majorité ainsi obtenue en sera d’autant plus faible.

Comment peut-on arriver à la présence de plus de trois listes ?

L’élection au « suffrage universel indirect », induit quasiment l’obligation d’une liste collège A et B par candidat.

Le nombre faible d’élus par collège ne garantit pas la présence d’au moins un élu par composante ou par sensibilité. La tentation est donc forte pour des composantes de construire des listes pour essayer de garantir la présence d’au moins un des leurs dans le CA. Le raisonnement vaut pour les « sensibilités » qui peuvent être, par exemple, de nature syndicale, sectorielle comme la recherche ou autre encore.

La somme de ces aspirations légitimes peut donc rapidement conduire à un nombre de listes important.

Par ailleurs, l'élection du président par séquence de scrutin peut  favoriser l’émergence de listes d’influence, voire de nuisance, dont l’objectif n’est pas tant la défense d’un projet global pour l’université que l’instauration d’un rapport de force pré-électoral en faveur d’intérêts très partiels, même si légitimes !


D’autres effets induits par le nouveau mode d’élection du président concernent, par exemple, le poids du vote étudiant. Vous pourrez lire utilement ce qu’en dit Pierre Dubois et d’autres blogueurs sur « Histoires d’Universités ».

Le mode de scrutin est trop nouveau pour pouvoir prétendre faire le tour de toutes les combinaisons qu'il offre.
En matière de démocratie, information et vigilance doivent toujours être de mise.

J'espère y avoir contribué

4 commentaires:

  1. Fort pertinente démonstration par la simulation des conséquences du mode de scrutin avec prime à la liste arrivée en tête. Zéro élu pour la liste 4 si 4 listes en présence.

    J'espère qu'il n'y aura pas d'élection avec une seule liste en présence. Le cas le plus fréquent sera sans doute 2 listes. Trois ? On verra.

    En cas de deux listes, la prime majoritaire à la liste arrivée en tête est exorbitant. Si 7 sièges à pourvoir, c'est forcément 5 sièges à 2, ou 6 à 1, même en cas d'un scrutin qui donnerait 55/45. Ai-je raison ?

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    1. C'est encore pire. Avec deux listes, ça donne toujours 6-1 car le plus fort reste est toujours en faveur de la liste gagnante. Donc même avec 51-49!

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  2. Concernant cette phrase:

    D’autres effets induits par le nouveau mode d’élection du président concernent, par exemple, le poids du vote étudiant. Vous pourrez lire utilement ce qu’en dit Pierre Dubois et d’autres blogueurs sur « Histoires d’Universités ».

    J'ai lu avec attention l'article. Pourriez-vous exprimer votre point de vue sur ce poids / leur rôles ?

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    1. Il existe un grand nombre de situations potentielles. Je ne peux pas les détailler toutes ici. Plaçons nous cependant dans le cas de 22 votants avec 7 personnels collège A, 7 personnels collège B , 3 personnels collège Biatss et 5 étudiants. Deux candidats sont en lice. Première hypothèse: Les étudiants élus s'entendent (dans un processus qui leur appartient) sur un nom. Si il y a eu partage des sièges collège A et B entre les deux candidats, ils ont tous les deux 7 sièges (6 A + 1 B pour l’un, 6B + 1A pour l’autre). Dans ce cas un vote bloqué des 5 étudiants élus fait gagner le candidat qui en bénéficie (7+5=12 pour un nombre de voix requise de 22/2=11) et ceci quelque soit le vote des élus Biatss.
      Ce cas n‘est pas rare. Il apparait souvent après plusieurs tours de scrutin lorsqu’il y avait plus de deux candidats au début et que les plus faibles ont décidé de se retirer.
      Seconde hypothèse, le vote des étudiants élus est dispersé et dans ce cas, c’est le vote de élus biatss qui peux faire la différence.
      La responsabilité des étudiants et leur rôle sont donc cruciaux en cas de vote bloqué sur un nom. La conséquence première est que les étudiants élus font souvent l’objet d’intenses sollicitations de la part des candidats en lice pour obtenir un vote bloqué en….leur faveur. Quand leur décision est connue, ils font alors souvent également, et à titre individuel cette fois, l’objet de sollicitations pour rompre la cohésion de la décision collective. (rappel, avec 4 voix étudiantes seulement, un candidat qui a engrangé 7 sièges est obligé d’aller à la pêche d’une voix Biatss pour gagner).
      Autre point extrêmement important. Cette analyse étant parfaitement intégrée par tous les candidats potentiels, les étudiants font alors souvent l’objet d’une sollicitation « larvée », très en amont des périodes électorales. Le risque de leur instrumentalisation est alors réel et grand. A cet égard, certains postes de responsabilité sont des postes clés pour les futurs candidats. Tous les postes liés à la présidence d’une université. Tous les postes liés à un contact permanent avec les étudiants et leurs représentants, VP, élus, délégués (sports, culture, orientation et insertion, citoyenneté, engagement étudiant…).
      Alors oui le rôle des élus étudiants est très souvent primordial. Ils ont souvent la possibilité de faire, seuls, la différence. Lorsqu’ils prennent la décision de faire un vote bloqué, ils doivent être extrêmement vigilant tant leur responsabilité devient alors importante. Le danger le plus insidieux est pour moi à coup sûr l’instrumentalisation très amont du vote étudiant. Il est une forme de manque de respect et d’infantilisation. Il appartient à chaque élu étudiant de bien analyser la position passée des leaders qui pilotent le processus de décision interne à la liste.
      Dernier point. Cette position de décision est, quoi qu’il en soit, un vrai outil à la disposition des étudiants pour faire valoir leurs points de vue et revendications et dans bien des cas ils en usent avec beaucoup de « sagesse ».

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